Jacques Samson
L'installation présente deux séries qui
s'interpellent. Les Vecteurs, formes sculpturales déposées sur socles
semblent, tels des trous noirs, étrangement générées par une force
gravitationnelle. Les Embranchements, des structures installées au mur, de
plus petite dimension, sont faites d'un matériau lisse, noir et coulant, le
caout- chouc, qui oppose aux objets plus imposants des formes fluides aux
multiples évocations: branches, ruissellements, veines, terminaisons nerveuses.
Dans ces deux modes de construction, la forme se déploie selon le caractère
même du matériau et la volonté insatiable de l'artiste d'en explorer tous
les possibles.
Ce projet est le fruit
d’un travail réalisé avec des réfugiés que le gouvernement du Canada a installé
à Joliette, ville qui jusque-là avait une population plutôt homogène de
souche québécoise. Pendant près d’une année, l’artiste a fréquenté six familles
d’origines diverses, avant de les photographier dans leur salon, ajoutant aux
impressions les images des rues de la ville qu’ils appréciaient le plus. Ce
projet a été présenté à l’extérieur, dans le centre-ville, comme une manière de
faire les présentations entre les jolitettains d’origine et ces nouveaux
venus.
CERRUCHA
La
Cartographie de la peau est une installation
audiovisuelle de portraits accompagnés de témoignages de réfugiés et de sans
papiers résidants à Montréal. Les corps ont été entaillés, la cicatrice
représentant le chemin qu’ils ont pris depuis leur terre natale jusqu’à
Montréal. Il s’agit de partager la sagesse qu’ils ont acquise, de révéler leur
courage, les leçons et les séquelles émotionnelles qu’ont laissé ce
déracinement et la nécessité de se reconstruire. L’art permet de rendre visible
une population qui est rarement présente dans l’espace public.
Claudette Lemay
Dans
la vidéo Fenêtres d'écoute, six personnes décrivent des ambiances à partir
d'archives sonores de lieux publics. Avec ces repères le spectateur se
fait une image de l'espace. Mais cette image est fugitive et furtive, elle se
construit au fil des récits qui se déploient, se superposent ou se contredisent
parfois. Claudette Lemay s'intéresse aux écarts entre ces récits, à
l'interprétation et l'invention inhérente à toute activité de traduction.
Diane Gougeon
Les
caractéristiques de couleurs, de motifs et de taches de l’iris de l’œil étant
plus spécifiques que l’empreinte digitale, la science de la biométrie permet
maintenant de les représenter sous forme de code binaire afin de rendre l’identification
plus efficace. "Les Iris" évoque ce phénomène de numérisation d’attributs
biologiques uniques et d’atomisation des moyens de reconnaissance qui s’en
suit.
Sonia
Khenfech
"Chant
de monnaie, champ de Monet" est une installation qui explore la
question de l'enracinement par un langage sonore analogique. Faisant
spécifiquement référence à la peinture de Claude Monet, "Les
coquelicots" (1873), L'installation s'actualise via de nouveaux médias.
Les haut-parleurs deviennent les négatifs des coquelicots qui s'inscrivent dans
l'espace, telle une architecture émergente où l'homme s'enracine à sa terre.
Les différents sons émanant de façon ponctuelle activent la
participation/l'inscription d'une société contemporaine dans l'espace et le
temps. Ce projet est présenté avec la participation de l'artiste Denis
Labelle, originaire de Montréal.
Sophie Cardin
Emmanuel
Chieze
Émigration,
exode rural, déménagement pour le travail, déplacements forcés de population
dus à la guerre, à la persécution ou à la famine : autant de facteurs qui
contribuent à déraciner les gens et les amènent à se réenraciner ailleurs,
chacun à sa façon, du mieux qu’il le peut. Les cuirs chevelus représentent métaphoriquement
la variété des réenracinements possibles, certains terrains semblant plus
accueillants que d’autres. Les prises de vue ont été réalisées en un court laps
de temps, dans un édifice commercial de Montréal côtoyés par des gens de
diverses origines.
Photographies: Marie-Andrée Côté
Source: ARTSOUTERRAIN
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